24h au cœur de ... La Nuit de la solidarité
Mis à jour le 25 février 2025

Rassembleur et bien rodé, l’événement est devenu un outil incontournable pour mieux cerner la situation du sans-abrisme à Bordeaux. Rencontre avec ceux qui l’organisent, mais aussi avec ses indispensables bénévoles, durant la dernière édition le 23 janvier.
9h
C’est la dernière ligne droite d’un marathon pour Romain Chavent. Cet agent de la Direction des solidarités et de la citoyenneté de la Ville est sur le pont depuis déjà de longs mois. « Ce soir, nous aurons 651 personnes impliquées : organisateurs, bénévoles, associatifs et représentants de la Préfecture. Il faut que chacun sache bien ce qu’il a à faire. » Une troupe à synchroniser, équiper et alimenter avant sa déambulation nocturne. Dans les couloirs d’une annexe de l’Hôtel de ville, les caisses de matériel se clipsent, direction les QG dispersés dans la ville.
11h
C’est l’heure de régler les derniers imprévus. Des bénévoles malades ou indisponibles de dernière minute se signalent. Heureusement, l’équipe peut s’appuyer sur une forte mobilisation des Bordelais. Ils sont nombreux sur liste d’attente à pouvoir prendre la relève au pied levé. « On est relancé chaque année avant même l’ouverture des inscriptions ! », sourit Romain, épaulé par des agents du Centre communal d’action sociale (CCAS). Ils seront 400 bénévoles ce soir, ainsi que 175 agents publics. Portée par la Ville, la Nuit est mise en œuvre main dans la main avec le CCAS.
16h
Si l’essentiel des maraudes se fait sur des secteurs largement délimités, d’autres se concentrent sur des points cruciaux : campements, bidonvilles, transports en commun… Dans les salons de la mairie, les tables dédiées aux équipes sont installées. Lampe, stylo, chasubles… tout est en place pour accueillir les participants.
18h30
Le gros des troupes débarque au Palais Rohan. Parmi eux, Christine. Pratiquante de la rue durant 27 ans, elle a dispensé une formation auprès des participants quelques semaines plus tôt. Au pied d’un grand escalier, elle se raconte pudiquement : « Avant la première édition, en 2022, on m’a pris par les sentiments en me poussant à participer. L’aventure m’a réconcilié avec moi-même. Cela m’a redonné confiance en moi. La Nuit me permet de me sentir utile. »
19h30
Entourée de son équipe, Solène prépare sa maraude. La benjamine des bénévoles (18 ans) piaffait de pouvoir participer à l’événement, accessible uniquement aux personnes majeures. « C’est important d’agir, même à sa petite échelle. Cibler l’évolution des besoins des personnes sans-abri, faire un bilan statistique, c’est du concret ! »
20h30
Dans l’ensemble des secteurs, les équipes s’élancent simultanément dans la nuit froide. Les règles sont établies. Pas plus de 3 personnes lors des entretiens, une circulation attentive dans l’ensemble des voies de son secteur et une série de bonnes pratiques à respecter pour maintenir respect et proximité.
21h
Depuis l’auberge de jeunesse de Barbey, l’équipe de Noémie a débuté sa tournée, direction la gare Saint-Jean et ses alentours. « Je suis déjà bénévole à la Croix-Rouge. Ça me paraissait normal de participer. Je ne me suis même pas posé la question ! » À ses côtés, le chef d’équipe, Choukri, complète : « On récupère des données qui permettront de prendre les décisions de demain. » Devant eux, différentes personnalités se présentent. Des personnes parfois solitaires, qui répondent volontiers, et des groupes plus retors. Des interprètes et médiateurs accompagnent certaines équipes pour fluidifier les échanges.
22h30
À l’Hôtel de ville, les équipes sont de retour. Les anecdotes fusent sur les deux heures que chacun vient de vivre. À Bordeaux Lac, un jeune homme habitant une caravane a accompagné et aidé les équipes dans leurs sollicitations, lampe torche à l’appui. Là, Christine, qui a connu la grande précarité, a découvert la vie des campements de fortune. Les mots sont optimistes, malgré le constat. Les rencontres ont été riches.
23h30
Les formulaires complétés et récupérés, l’organisation replie les dernières chaises. Prochaine étape, la publication d’un bilan plus complet au mois de mai. Une étape essentielle pour construire une politique publique nationale plus efficace.
400
Bénévoles impliqués lors de la dernière édition