Construire la ville sur la ville

Vivante et active, la Ville de Bordeaux veut continuer d’accueillir ses nouveaux habitants et activités tout en préservant ses espaces naturels. Pour répondre à ces deux enjeux essentiels sans artificialiser de nouvelles surfaces, l’aménagement de la ville et l’urbanisme s’appuient notamment sur la reconversion de sites déjà construits. C’est ce que l'on appelle : construire la ville sur la ville.

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Photo : Vue aérienne le nouveau quartier de Bastide-Niel © R. Escher
Vue aérienne le nouveau quartier de Bastide-Niel © R. Escher

Ne plus empiéter sur la nature

Le projet urbain bordelais est guidé par les impératifs de la transition écologique. Il est porté par la volonté d’intégrer les grands enjeux environnementaux et la capacité réelle de la ville à accueillir, en tenant compte de sa vulnérabilité.

Le territoire communal est considéré comme un espace vivant avec ses propres limites de transformation. Parce que les sols naturels apportent de nombreux bénéfices (en termes de biodiversité, de rafraîchissement de la ville, d’infiltration des eaux de pluie…), Bordeaux s’engage donc, en premier lieu, à ne plus artificialiser.

Un "zéro artificialisation" ambitieux

La loi Climat et Résilience a posé en 2021 l’objectif Zéro artificialisation nette (ZAN), pour 2050. Elle n’interdit pas totalement de construire ou d’aménager sur de nouveaux espaces naturels, mais elle réclame en contrepartie de renaturer autant de surfaces qu’on en artificialise.

Plus ambitieuse que la loi, la Ville de Bordeaux a adopté le principe du "Zéro artificialisation brute". Elle s’est engagée à ne plus consommer d’espaces naturels. Elle défend la possibilité de satisfaire ses besoins d’accueil uniquement sur des sites déjà urbanisés. Plutôt que de compenser la consommation d’espaces naturels, les projets de renaturation, dit-elle, apporteront un supplément de biodiversité à son territoire.

Réutiliser des sites déjà urbanisés

La réutilisation de sites déjà urbanisés n’est pas nouvelle à Bordeaux. Les nombreuses opérations d’aménagement engagées pour recycler les friches autour du centre historique en témoignent. Mais ce recyclage s’opérait en même temps que d’autres opérations pouvaient consommer de nouveaux espaces naturels, agricoles ou forestiers.

Le projet urbain bordelais affirme son ambition d’agrandir la ville exclusivement sur des espaces déjà artificialisés. Il défend l’idée que le territoire déjà urbanisé ménage de nombreuses possibilités pour accueillir les nouveaux habitants et emplois.

Anciennes friches, nouveaux quartiers

La reconquête des friches industrielles, portuaires, ferroviaires ou militaires situées autour des quartiers du centre ancien permet d’agrandir la ville sur des sites déjà artificialisés et de les intégrer à la ville existante. La transformation progressive des friches en de nouveaux quartiers, peut répondre à une grande partie des besoins en logements et activités de ces prochaines années.

Certains projets d’aménagement (Ginko ou les Bassins à flot) sont quasiment terminés. D’autres (Brazza, Niel, zones d’aménagement concerté Saint-Jean-Belcier et Garonne-Eiffel) seront achevés dans les années 2030 à 2035. D’autres encore, tels La Jallère sont engagés.

Tous portent les orientations fortes de la Ville en matière d’espaces publics aménagés et de programmes de construction.

On demande non seulement au bâti de ne plus empiéter sur les espaces naturels, mais on désimperméabilise le plus possible.

Cette approche profite à la fois à la nature elle-même et aux habitants des quartiers.

Des secteurs à reconquérir

Aux lisières de la ville, de vastes zones déjà artificialisées offrent d’autres opportunités de reconquête urbaine, parmi lesquelles :

  • le site du parc des Expositions,
  • le centre commercial Bordeaux-Lac,
  • la friche ferroviaire Cracovie, au sud du quartier des Aubiers.

Elles font l’objet d’une réflexion menée avec Bordeaux Métropole et la Ville de Bruges.

Le projet de requalification de ces lieux d’usages spécifiques vise à permettre de rationaliser les espaces pour libérer la place nécessaire à la réalisation de logements et d’espaces publics.

Une part importante des 98 % de surfaces artificialisées pourrait, dans le même temps, être végétalisée.

Avenir dans la dentelle

Une fois ces transformations opérées, Bordeaux ne disposera plus de grands espaces fonciers à requalifier. Pour continuer à produire des logements, elle devra opérer dans la dentelle. Il s’agira de densifier intelligemment certains secteurs encore peu occupés.

Les grands axes de transports en commun se prêteront alors, par exemple, aux réflexions futures. Des espaces fonciers, publics ou privés, déjà artificialisés mais sous-exploités (parkings, délaissés de voirie…) pourront être optimisés. Ils permettront de réaliser des opérations de logements de taille modeste et s’intégreront dans le tissu urbain déjà constitué. Sans empiéter sur le précieux capital naturel que la ville entend préserver.