La restauration de la flèche Saint-Michel

Pierres altérées, accroche métallique de la croix du sommet fortement corrodée, fissures structurelles en parties basses et hautes… La flèche Saint-Michel, 3e plus haut clocher de France, fait l'objet à Bordeaux d'un chantier de restauration inédit, nécessitant la construction d'un échafaudage monumental d'environ 700 tonnes, véritable prouesse technique.

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Photo de jour d'une vue depuis la Garonne de la flèche Saint-Michel, recouvert d'un échafaudage
Dominant le quartier Saint-Michel, la flèche du même nom renaît grâce à un chantier spectaculaire. © Frédéric Deval - Ville de Bordeaux

114 mètres 

de hauteur

700 tonnes

d’échafaudage

11,6 millions d’euros

investis

Un monument à l’épreuve du temps

Monument historique culminant à 114 mètres, la tour-clocher de Saint-Michel, située place Meynard à Bordeaux, est le troisième plus haut clocher de France.

Au fil des siècles, la flèche a subi de nombreuses épreuves : tremblement de terre et foudre à la fin du XVIIe siècle, ouragan au XVIIIe siècle, tempête de 1999... Ces catastrophes naturelles et intempéries répétées ont fragilisé l'ouvrage. Plusieurs fois endommagée et restaurée, la structure fait l'objet d'une surveillance accrue depuis une étude réalisée en 2009, qui a révélé d'importantes fissures.

« Les failles situées dans la partie basse se dilatent et se referment au rythme des cycles saisonniers, tandis que celles de la partie haute s'ouvrent de façon régulière et irrémédiable », explique Patrick Della-Libera, chargé du patrimoine monumental et mobilier à la direction générale des affaires culturelles de la Ville de Bordeaux.

Le monument, qui domine le quartier, est le fruit de plusieurs phases de construction et de restauration. De la crypte du XIIIe siècle à l'édification du clocher au XVe siècle par les maçons Lebas père et fils, dont les traces sont encore visibles dans les maçonneries intérieures, l'architecture a été largement transformée par la restauration de Paul Abadie au XIXe siècle. L'ensemble se compose d'un rez-de-chaussée et de quatre niveaux de plan hexagonal jusqu'à la base de la flèche, qui adopte une forme dodécagonale.

Les diagnostics récents, appuyés par des capteurs, ont mis en évidence un état de dégradation avancé : pierres altérées, corrosion des accroches métalliques de la croix sommitale, fissures structurelles affectant à la fois les parties basses et hautes. Face à ces dégradations, la tour-clocher demeure sous une vigilance constante afin de préserver ce témoin emblématique de l'histoire bordelaise.

Des travaux de grande ampleur

Depuis 2022, la flèche fait l'objet d'une restauration essentielle, dont la fin est prévue pour mai 2026.

La première phase des travaux a été consacrée à la mise en sécurité de la flèche du clocher (entre 47 m et 114 m de hauteur), en particulier sur les parties les plus dégradées :

  • nettoyage des parements, remplacement des pierres altérées, enlèvement des joints en ciment remplacés par un mortier de chaux ou de résine pour mieux résister aux agressions climatiques, notamment au soleil et au vent,
  • installation de chaînages métalliques, restauration de la croix sommitale et consolidation des parements sur la maçonnerie de remplissage en partie basse.
  • mise en conformité de l'installation du paratonnerre,
  • protection des maçonneries contre les infiltrations d'eau,
  • fermeture hermétique de la salle du deuxième niveau par l'installation de vitraux.

La deuxième phase des travaux porte sur l'amélioration de la circulation du public à l'intérieur de la flèche Saint-Michel et la restauration du carillon.

Tout au long de l'année, de nombreux artisans du patrimoine interviennent sur le chantier. Parmi eux, des tailleurs de pierre, des maçons, des ferronniers et des artisans verriers, dont l'expertise est essentielle à la préservation de ce patrimoine historique.

Les artisans du patrimoine œuvrent à la restauration de la flèche Saint-Michel.

L’échafaudage monumental, symbole de la renaissance de la flèche

La construction d'un gigantesque échafaudage, en 2022, constitue la partie la plus visible des opérations de restauration de la flèche Saint-Michel. La hauteur d'intervention jusqu'au sommet impose une installation résistante au vent. La masse globale des échafaudages est d'environ 700 tonnes.

La valorisation du chantier auprès du public

Le chantier représente une opportunité de (re)découvrir ce monument emblématique de Bordeaux de manière différente. Coordonnée par Bordeaux Patrimoine Mondial, service d'animation de l'architecture et du patrimoine de la Ville de Bordeaux, une programmation dédiée est proposée auprès du grand public. L’occasion de découvrir autrement l’histoire de la flèche et sa restauration.

Calendrier, coût des travaux : les repères du projet

Le calendrier des travaux s’étend de 2022 à 2026 : 

  • 2022 : installation du chantier, dévoiements réseaux éventuels et fondations, acheminement de matériaux.
  • 2023 : installation de la charpente métallique et des échafaudages.
  • 2024 : interventions de restauration en partie sommitale, démontage partiel des structures (partie sommitale), réadaptation de l'échafaudage.
  • 2025 -2026 : interventions de restauration sur la zone entre 47 et 63 mètres et fin des travaux  

Le montant des travaux de restauration est de 11,6 millions d’euros TTC dont : 

  • 4,86 millions d’euros de la Ville de Bordeaux,
  • 3,68 millions d’euros de l'Etat, au titre de la conservation du patrimoine (DRAC),
  • 2,06 millions d’euros au titre de la Dotation de soutien à l'investissement,
  • 1 million d’euros de la Région Nouvelle-Aquitaine.