Action sociale Réseau des acteurs de l'accès aux droits : une enquête s’intéresse aux 18-30 ans à Bordeaux

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Le dispositif du Raad a été présenté le 23 avril 2025 dans les locaux bordelais de l'association Alifs. © T. Sanson - Ville de Bordeaux

Le non-recours aux droits sociaux est encore très répandu chez nombre de Français, notamment les plus jeunes. Pour pallier ces manques, la Ville de Bordeaux vient de lancer un nouveau dispositif en partenariat avec de nombreuses structures, baptisé le Raad. Rencontre avec l’équipe de jeunes sociologues à la base d’une première enquête qui vise à recenser les besoins des 18-30 ans à Bordeaux.

Logement, santé ou citoyenneté, entre autres, les jeunes majeurs Bordelais méconnaissent très souvent leurs droits dans ces domaines. Levier de lutte contre des formes de précarités croissantes, et d’émancipation, l’accès aux droits est pourtant essentiel. Afin de combler au mieux ces difficultés, la Ville a présenté ce mercredi 23 avril son Réseau des acteurs de l’accès aux droits (Raad). 

Comment mieux connaître ce public, mieux identifier les besoins et les obstacles et solidifier le partenariat avec les organismes qui font l’interface avec ce public ? Autant d’objectifs menés par cette opération conduite au sein de la démarche municipale Bordeaux Terre de Solidarités.

Un questionnaire accessible en ligne

Première pierre de l’édifice : une enquête diligentée par la Ville et dirigée par une équipe d’étudiants en sociologie de l’Université de Bordeaux afin d’identifier les besoins des 18-30 ans. Le but ? Que les nombreux partenaires institutionnels et associatifs locaux puissent mieux adapter leurs stratégies et leurs offres face aux besoins des jeunes Bordelais. Quelles sont les difficultés rencontrées par les jeunes dans leur accès aux droits ? Comment résorber ces inégalités ? Cette étude fouillée qui va toucher les professionnels et environ 500 jeunes Bordelais va délivrer ses conclusions d’ici l’été.

Photo : L'équipe d'étudiants en sociologie menant l'enquête de terrain dans les quartiers bordelais. © Ville de Bordeaux
L'équipe d'étudiants en sociologie menant l'enquête de terrain dans les quartiers bordelais. © Ville de Bordeaux

Les freins ? Des idées reçues à balayer

Les questions portent sur des thématiques variées tels l’alimentaire, le culturel, les loisirs, ou les aides sociales au logement et aux familles.

Parmi les principaux freins déjà ciblés, on trouve : 

  • L’accès au numérique. Dans des univers souvent dématérialisés, la jeunesse est également concernée par les difficultés d’accès matériels au numérique. Plus surprenant, des difficultés de maîtrise des plateformes officielles sont évoquées. « Communiquer sur les réseaux sociaux peut être très simple pour eux, utiliser un site administratif beaucoup moins », explique le groupe d’enquêteurs.
  • La barrière de la langue. Parmi ces jeunes, les allophones (qui ne maîtrisent pas ou mal la langue française), et des personnes analphabètes se voient éloignés de leurs droits. La méconnaissance culturelle de l'administration et la crainte de mal faire seraient aussi très présentes.
  • Parmi les autres facteurs, la peur de la violation de la confidentialité ou encore la méfiance vis-à-vis des institutions peuvent aussi régner. L’identité de genre ou les statuts professionnels précaires dressent d’autres difficultés spécifiques.

Certaines situations peuvent aussi être apparaître comme socialement stigmatisantes telle l’aide alimentaire, pourtant active à Bordeaux. D’autres symptômes se font jour, comme la volonté de ne pas abuser du système social français.

Un jeune sur trois

C'est la proportion de jeunes de 30 ans et moins qui n'auraient pas une connaissance réelle de ses droits. Un sur quatre n'aurait pas recours à l'ensemble de ses droits.

Des enquêteurs motivés

Ils se nomment Nangkere, Lilas, Justine et Marie. Ils forment l’équipe d’enquêteurs qui mène cette étude durant plusieurs mois dans tout Bordeaux. Tous ont poussé pour participer à cette aventure. 

Recrutés par la Ville avec l’appui du Centre Communal d’Action Social, les quatre jeunes enquêteurs préparent un Master en Ingénierie de la cohésion urbaine et sociale. Ils ont été sensibilisés sur cette thématique par l’enseignant-chercheur en sociologie à l’Université de Bordeaux/centre Emile Durkheim, Thierry Oblet, spécialiste de la politique de la ville et la de rénovation urbaine.

« Réaliser une grande étude qualitative plus que quantitative, c’est une chance. » « Repérer les causes du non-recours aux droits, c’est essentiel. » « Pouvoir interroger la population pour comprendre les difficultés culturelles, sociales, académiques… c’est concret », indique collégialement le groupe.

Réaliser une grande étude qualitative plus que quantitative, c’est une chance.

Un rapport concret cet été

Pour répondre finement à ces inégalités spécifiques selon les secteurs, des quartiers vont être particulièrement scrutés : Saint-Michel, Aubiers-Ginko, Grand Parc, Benauge et Caudéran. Des binômes vont ainsi réaliser des balades urbaines, des entretiens avec des professionnels du monde social, rédiger un guide d’entretien adapté et donc des échanges directs avec la jeunesse bordelaise, directement ou via un questionnaire accessible en ligne.

A la fin du mois de mai, des analyses seront réalisées pour une restitution le 27 juin à partir de 14h30 au centre d’animation Queyries-Bastide (événement ouvert au public) et un rapport de préconisations claires sera signé par les partenaires à la rentrée. L’enquête va permettre à la Ville, à terme, d’affiner ses politiques publiques dans le domaine. Et une nouvelle arme pour affermir le lien social localement.