Portrait Le street artiste A-MO, un carnaval d'animaux
Mis à jour le 21 avril 2025

Les couleurs intenses de son bestiaire moderne recouvrent de nombreux murs de la ville. Rencontre avec le street-artiste A-MO, un autodidacte devenu une référence.
Entre le pont du Guit et le pont de la Palombe, un bâtiment de la SNCF rescapé de la transformation du quartier Belcier n’en demandait pas tant. Sur sa façade, un écureuil flamboyant et un pigeon bariolé ont posé leurs pattes, l’œil vibrant, une noisette posée négligemment sur un transformateur. Ces fresques sont signées A-MO, un street-artiste bordelais cultivant une farouche discrétion. S’il ne souhaite pas dévoiler son nom ou trop afficher son visage, il est néanmoins devenu l’un des artistes de rue les plus identifiables de l’agglomération, et même au-delà.
Un aboutissement loin d’être programmé. Car l’enfance d’A-MO est d’abord un trimballement. Si les déménagements successifs en font un déraciné, le Breton d’origine trace son fil rouge intime dans des carnets à dessins, puis à l’aide d’une bombe de peinture. Une manière de « poser à plat » sa vision des gens et des paysages par les courbes et les mots.
« Je me suis mis à utiliser des bombes de peinture vers 15 ans, j’étais déjà un grand fan de rap français et le travail d’écriture me fascinait. Ma passion pour le hip-hop dans son ensemble m’a vite amené à me tourner vers le graffiti et le tag. Des artistes français comme Lazoo, Tilt, Fafi ou Miss Van ont profondément marqué mon adolescence. »
C’est de la bombe
C’est en 2002, à l’âge de 20 ans, qu’il pose ses valises en Gironde une première fois. Une étape qui deviendra un point d’ancrage. Sa première vie d’adulte sera conventionnelle. Études, diplôme, grande entreprise : une séquence vécue dans la peau d’un « inadapté » en quête de sens. Durant ces années, il dessine toujours : sanguine, aquarelle, esquisse, comme un exutoire nécessaire. La séquence « au bureau » est finalement stoppée sur un clap net et définitif. Au tournant des années 2010, la bombe lui fait de nouveau un appel du pied.
Sous deux boîtes aux lettres, il y a dessiné au pochoir un jeune facteur qui semble collecter le courrier. Malgré une intervention de La Poste et un ravalement de façade d’ampleur, le petit espiègle a été soigneusement respecté au fil des ans.
Je peins en superposant des tags. Une technique que j’ai affinée, même si le style reste le même. Les animaux, cela vient de mon grand-père maternel qui nous a partagé très tôt son amour de la nature.
Car rapidement, ses fresques font mouche. On le rappelle, lui passe des commandes. Le privé et le public font appel à son trait. Entre réalisme et style, ses animaux se multiplient dans toute la région. « Ma plus ancienne réalisation toujours visible date de cette époque. Elle est place Gambetta, à deux pas du point zéro de Bordeaux. »
Parmi ses fresques les plus appréciées, le renard de la place du Palais, ou encore le gorille de la rue des Ayres, ou un martin-pêcheur quartier Saint-Michel. Jamais contraint de stopper ses réalisations, parfois spontanées, A-MO tire sa force de ses animaux qui suscitent l’admiration et la contemplation.
À dénicher dans tout Bordeaux.