Portraits croisés Culture : deux néo-Bordelaises aux manettes

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Directrices Tnba-Frac - De Chaillé Turpin - Décembre 2024
Elfi Turpin et Fanny de Chaillé, directrices respectives du Frac (art contemporain) et du tnba (théâtre).. © Pierre Planchenault

Fanny de Chaillé et Elfi Turpin sont arrivées à la tête de deux institutions culturelles bordelaises en 2024, le tnba et le Frac Méca. Rencontre.

Les journées sont longues pour Fanny de Chaillé et Elfi Turpin, les nouvelles directrices du Théâtre national Bordeaux Aquitaine (tnba) et du Fonds régional d’art contemporain de Nouvelle-Aquitaine (Frac). Depuis leur nomination respective en janvier et septembre 2024, leur emploi du temps ne désemplit pas. 

Entre la préparation d’une nouvelle saison, l’application sans délai d’un projet artistique et de médiation, et la découverte d’une ville dont le marché des Capucins est devenu le lieu de détente commun, hors vie professionnelle...

Un théâtre qui s’ouvre

Fanny de Chaillé est metteuse en scène et chorégraphe. Auparavant associée à la scène nationale Chambéry Savoie, au CND* Lyon, ou encore au Théâtre national de la Danse de Chaillot, la Royannaise d’origine retrouve la région pour s’occuper des destinées du tnba et de son école de comédiens, parallèlement à la création de ses pièces et leur diffusion. 

« J’ai été très bien accueillie. Il y a une réelle envie de partage entre les acteurs culturels ici. C’est très agréable ! », indique-t elle. « Mais je suis notamment venue pour l’école du tnba, qui donne tout son sens au lieu. Les étudiants l’habitent, y accueillent le public, y passent tout leur temps en pratiquant le théâtre au quotidien. Tout ceci donne sa force au théâtre, et un rôle de transmission. » 

Neuf artistes associés ont rejoint son projet. Un collectif ample qui permet une présence constante entre les tournées de chacun. Depuis son arrivée, les week-ends FAB, des interventions dans l’espace public, ont été lancés ; des collaborations avec le Festival Trente Trente et les Avant-Postes, la Manufacture CDCN et l'Opéra National de Bordeaux solidifiées.

Photo : Réunies à l'occasion de cet entretien dans le bureau de Fanny de Chaillé, au tnba, les deux directrices ont découvert Bordeaux durant l'année 2024. © Pierre Planchenault
Réunies à l'occasion de cet entretien dans le bureau de Fanny de Chaillé, au tnba, les deux directrices ont découvert Bordeaux durant l'année 2024. © Pierre Planchenault

Nous développons déjà des projets avec le Capc, la Fabrique Pola, l’école des Beaux-Arts.

Un accès aux imaginaires

Elfi Turpin a atterri à Bordeaux en provenance d’Alsace et du Centre rhénan d’art contemporain. Au Frac Méca, une collection de 1 600 oeuvres issues de 600 artistes est rassemblée dans des locaux flamboyants, inaugurés en 2019. Un cadre idéal pour la conservation et la valorisation du fonds, dont le public et les partenaires culturels peuvent aussi
tirer parti. 

« Nous développons déjà des projets avec le Capc, la Fabrique Pola, l’école des Beaux-Arts… Mais aussi avec le territoire régional, qui doit résonner à l’intérieur de la Méca. » Donner un accès aux oeuvres et
une clé à leur imaginaire à un large public, y compris à celui le plus éloigné socialement et géographiquement : voici l’une des ambitions principales d’Elfi Turpin à la tête du Frac. 

« Dans nos vies très actives, l’espace pour la création se réduit. Il faut réimpulser cette dynamique. » Pour renforcer le sens de la programmation, en lien avec le territoire, un projet autour de la mémoire coloniale devrait voir le jour avec le Capc, comme un miroir à la future collaboration de l'artiste Rébecca Chaillon avec le tnba, autour de la même thématique.

Dans nos vies très actives, l’espace pour la création se réduit. Il faut réimpulser cette dynamique.

Photo : Sur les toits du tnba, en décembre 2024. © Pierre Planchenault
Sur les toits du tnba, en décembre 2024. © Pierre Planchenault

Une boucle sur la Garonne

Si Fanny de Chaillé cite volontiers le metteur en scène suisse Christoph Marthaler – « Il m’émeut aux larmes comme il me fait rire » comme artiste de référence – Elfi Turpin aime évoquer une anecdote. Admiratrice de la romancière Monique Wittig, figure de la création du Mouvement de Libération des Femmes (MLF), qu’elle a mis en valeur dans son ancien centre
d’art, la nouvelle directrice du Frac avait exhumé un de ses portraits, peint par l’artiste Léna Vandrey, « retrouvé
dans une buanderie ». 

C'est sur ce même portrait qu'elle est tombée lors de sa première visite des collections du Frac, en septembre. Une boucle conclue sur les rives de la Garonne.