L'égalité c'est toute l'année : la contraception masculine, la voie vers "un partage de la charge"
12e et dernier épisode : Focus sur la contraception masculine. De nouveaux moyens apparaissent pour favoriser une plus grande égalité des sexes devant la contraception, malgré les questions de reconnaissance, toujours ardentes. Un débat avant tout de société, pour faire progresser la liberté d'un choix quasi uniquement placé entre les mains des femmes aujourd'hui.
"Je suis venu à la question par la contraception féminine. Les femmes sont confrontées à de multiples difficultés pour accéder à leur moyen contraceptif, notamment en termes de tolérance physique. Des effets secondaires et des souffrances qu'on voudrait pouvoir éviter. Or certaines situations sont véritablement sans solution. Nous sommes arrivés au bout du processus de ce que nous pouvions proposer aux femmes."
Le docteur Frédéric Léal est à la page en informant des patients déjà sensibilisés à la question, à la recherche de nouvelles solutions, dans son cabinet du centre-ville. Et si les moyens contraceptifs masculins peuvent devenir une voie vers un mieux-être, il constate que ceux-ci sont encore méconnus et peu normés. Sans compter que d'autres obstacles sociétaux sont à lever, souvent venus des hommes, mais parfois issus des femmes elles-mêmes.
"Le combat remporté pour l'Interruption volontaire de grossesse (NDLR, dont on vient de fêter les 50 ans de la légalisation via la loi Veil) a sûrement donné aux femmes le sentiment que ce territoire était le leur, celui de la liberté de procréer ou non. Les tentatives de constituer des groupes d'hommes autour de la contraception n'ont pas abouti. Mais depuis quelques années, je suis beaucoup plus sollicité par mes patients sur la question de la contraception masculine, notamment thermique", explique Frédéric Léal, qui a validé un diplôme universitaire de gynécologie pour compléter sa formation et affronter la pénurie de spécialistes.
Revenir du "tout pilule"
Depuis l'époque du "tout pilule" dans les années 1980 et 1990, le débat a avancé lentement avant cette récente accélération. Les complications parfois graves observées sous contraception oestro-progestative depuis les années 2000 ont fini par attaquer cette hégémonie. Cette "crise des micro-pilules" a permis de rouvrir le débat d'un nécessaire partage de la charge contraceptive.
Aujourd'hui, en dehors du port du préservatif, parfois dénigré, seule la vasectomie est reconnue comme contraception masculine véritable par la Haute Autorité de santé. Or, cette solution définitive peut être difficile à envisager par les hommes et reste encore marginale. Pourtant, les pistes thermiques et hormonales, réversibles, font leur chemin.
La première consiste à augmenter la température des testicules de deux degrés, très simplement, à l'aide d'un sous-vêtement adapté ou d'un anneau en silicone. Environ 13 000 hommes utiliseraient ce biais en 2025. Un processus efficace au bout de trois mois et parfaitement réversible. La seconde, que reconnaît l'Organisation mondiale de la santé, repose sur l'injection de testostérone chaque semaine, conduisant à annihiler la production de spermatozoïdes.
Manque de moyens, volonté d'avancer
"L'objectif, c'est le partage de la charge contraceptive. Il y aurait tout un travail d'éducation à mener pour arriver à l'équité", souligne le docteur Léal. Également engagé auprès du Planning Familial de la Gironde, il participe chaque 2e lundi du mois à une permanence d'information sur la contraception thermique baptisée "Les Contracepté.e.s". "J'accompagne des patients qui ont choisi cette voie. Sans compter les personnes engagées dans un parcours de transition qui affrontent des situations singulières. Pour le moment, ni le système hospitalier, ni les laboratoires pharmaceutiques ne se saisissent de la thématique. On est donc confronté à un manque de moyens."
Pour lever les doutes sur le caractère définitif de ces solutions, souvent soulevées en entretien médical, le docteur Léal tente de rassurer par la pédagogie. Le médecin s'implique également dans des travaux de recherches menés par des étudiants et des professionnels, de futurs médecins comme des sage-femmes. Pour imaginer un futur plus égalitaire et faire reculer les souffrances féminines liées à la contraception.