Mémoire

Mémoire
 © Statue de Modeste Testas de Woodly Caymitte dit Filipo
Mis à jour le 30 mai 2024


Le 27 avril 1848, suite au décret de Victor Schoelcher, l'esclavage est définitivement aboli en France et dans ses colonies. Le 21 mai 2001, la loi n°2001-434 dite Taubira est promulguée et reconnaît l'esclavage et la traite comme crimes contre l'humanité. Suite à la proposition de Maryse Condé, alors présidente du Comité pour la mémoire de l'esclavage, le président de la république fixe au 10 mai, jour de l'adoption en 2001 de la loi Taubira, la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions (fixée par le décret n° 2006-288 du 31 mars 2006).

Un site dédié

Un site web visant à renforcer la pédagogie historique et mémorielle sur les thématiques de l'esclavage et de la traite négrière présente entre autres le parcours mémoriel de la Ville, les personnalités bordelaises abolitionnistes, les armateurs négriers attestés ainsi que des personnes noires liées au Bordeaux des 18e et 19e siècles : www.memoire-esclavage-bordeaux.fr

Mémoire de l'esclavage, de la traite négrière et leurs abolitions

Pose de 5 plaques biographiques sur des rues portant le nom de Bordelais de renom et négriers
Premier port colonial et troisième port négrier entre le 17e et le 19e siècle, Bordeaux a engagé un profond travail de mémoire depuis plus de 15 ans, au travers notamment de l'ouverture de salles sur l'esclavage et la traite négrière au Musée d'Aquitaine en mai 2009 ou encore la pose d'une plaque sur les quais des Chartrons en 2006.

En 2016, une enquête en ligne a été proposée aux bordelaises et bordelais afin de saisir leur familiarité et leur expérience avec les mémoires-histoires de la traite négrière et de l'esclavage à la fois locale et nationale.

Avec 1084 répondants, cette enquête a révélé que :
  • 83% se disent concerné.e.s par les mémoires de la traite et de l'esclavage
  • 96% ont connaissance du passé négrier de la ville
  • 69% estiment que les commémorations du 10 mai ont une signification d'éducation, 59% une signification d'information
  • 62% jugent que la reconnaissance des mémoires traumatiques participe à une meilleure cohésion sociale et une meilleure compréhension et acceptation d'autrui.
"Strange fruit", de Sandrine Plante-Rougeol
A la suite de cette enquête et d'auditions, un plan mémoire de 10 actions a été a été proposé en 2018. Plusieurs actions ont ainsi été déployées sur le territoire parmi lesquelles :
  • La rénovation du Square Toussaint Louverture (Parc aux Angéliques)
  • La création d'un Jardin de la Mémoire (Jardin Botanique)
  • La réalisation d'une sculpture à l'effigie d'une esclave Al Pouessi dite Modeste Testas (Quais Louis XVIII)
  • La création d'un site Internet
  • Une sculpture mémorielle de l'artiste réunionnaise Sandrine Plante-Rougeol inaugurée dans les jardins du Palais Rohan
  • La pose de 5 plaques biographiques sur des rues portant le nom de Bordelais de renom et négriers

Volonté pédagogique 
Dans le cadre de la politique mémorielle municipale sur la traite négrière, l'esclavage et leurs abolitions, un groupe de travail s'est constitué en 2021 avec des représentants associatifs, universitaires, politiques et de l'administration, pour évoquer les personnalités concernées et rédiger les textes biographiques des rues portant le nom de personnes ayant un lien, direct ou non, avec la traite et l'esclavage.

Cinq plaques initialement posées en 2020 (Gramont, Feger, Desse, Gradis, Mareilhac) ont ainsi pu être revues en intégrant des précisions factuelles et la mention à la loi dite Taubira. En mai 2022, une plaque biographique a été apposée rue Colbert, rappelant son passé au sein du gouvernement, sa participation à la conception de la politique coloniale de la France et son rôle dans la rédaction du Code Noir pour les Antilles, relatif à l'administration et la légalisation de l'esclavage dans ces colonies et régissant les relations "maître-esclaves". 

Nouvelle rue
En 2023, cinq nouvelles plaques ont été rédigées pour l'impasse Toussaint Louverture, le cours Journu-Auber, le cours Balguerie-Stuttenberg, la rue Pierre Baour et la rue Daniel Guestier.  

Journées de la mémoire en commémoration de l'esclavage, de la traite négrière et de leurs abolitions

Cet évènement a lieu chaque année à Bordeaux dans le but de rendre hommage aux victimes de l'esclavage et de la traite négrière, aux héros et héroïnes du mouvement abolitionniste.
Evènement sans cesse enrichi depuis sa première édition en 2016, cette manifestation s'attache à inscrire les mémoires et histoires de la traite et de l'esclavage dans l'espace public bordelais.

La 4e édition a permis d'inaugurer le 10 mai 2019, un monument à l'effigie de Modeste Testas, quai Louis XVIII par le maire de Bordeaux, en présence du sculpteur Woodly Caymitte dit Filipo, auteur de la statue, de Lorraine Steed, descendante de Modeste Testas et de l'Etat.  

Mémoire de la Shoah - Stolpersteine

Des pavés de béton recouverts d'une plaque de laiton gravée honorent la mémoire des victimes du nazisme.
En 2017, à partir d'un projet lancé par l'Université Bordeaux-Montaigne, huit "pavé de la mémoire", dit Stolpersteine (pierre d'achoppement) ont été posés à Bordeaux devant les derniers lieux de vie de victimes du nazisme.
Le travail de mémoire se poursuit. Sept nouveaux pavés posés fin 2022, lancent une dynamique mémorielle portée par la Ville autour de la Shoah en mémoire des victimes juives et résistantes. A minima, ce sont 295 familles dont 85 enfants qui ont été déportés de Bordeaux vers les camps de concentration et d'extermination.
Bordeaux, avec la ville de Bègles, sont les premières grandes villes de France à s'être engagées dans ce projet à la mémoire de victimes juives et résistantes.

Créées par l'artiste berlinois Gunter Demnig en 1993, chaque pierre rappelle la mémoire d'une personne déportée dans un camp de concentration ou d'extermination en raison de son identité ethnique, son appartenance religieuse ou son orientation sexuelle. Les pavés sont incrustés dans le sol devant le dernier domicile connu des victimes identifiées. Les premiers Stolpersteine ont été posés en 1995 en Allemagne. Depuis, ce sont plus de 98 000 pierres qui l'ont été dans toute l'Europe.

A Bordeaux, vous pouvez retrouver les Stolpersteine :
  • Sur le parvis des Droits de l'Homme (posé en 2017), face au tribunal de Grande instance, en mémoire de trois résistants autrichiens : Alfred Loner, Alfred G. Ochshorn, et Fritz Weiss, arrêtés et déportés en 1943 depuis Bordeaux.
  • 4 place Saint Pierre (posé en 2017), en mémoire de la famille Baumgart, Abraham, Bernard, Chana, Roland et Léon Henri, déportés et assassinés à Auschwitz en 1942.
  • 199 rue Achard (posé le 29 septembre 2022), en mémoire du Docteur Sabatino Schinazi surnommé le "médecin des pauvres", communiste juif, exclu de l'ordre des médecins, déporté à Auschwitz puis à Dachau où il décèdera, personnalité évoquée lors du procès Papon.
  • 5 rue Louis Mie (posé le 20 octobre 2022), en mémoire de Berthe et André Murrate arrêtés lors de la dernière rafle ayant eu lieu à Bordeaux le 10 janvier 1944. Parqués dans la synagogue de Bordeaux et déportés à Drancy puis à Auschwitz. Berthe a miraculeusement survécu à Auschwitz. Elle témoignera aux assises de la Gironde en 1998 lors du procès Papon.
  • 13 impasse Forestier (posé le 20 octobre 2022), en mémoire de Ginette et Marcelle Borruel.
    Ginette a 8 ans lorsqu'elle est raflée avec sa soeur Marcelle agée de 15 ans le 10 juillet 1944. Internées dans la synagogue de Bordeaux, déportées vers Drancy puis Auschwitz.
  • 48 rue Ausone, en mémoire de Martin et Berthe Katz (posé le 22 novembre 2022).
    Martin Katz apparaît sur un des documents signés par Maurice Papon alors secrétaire général de la préfecture de la Gironde. C'est en partie grâce à ce document, preuve de la responsabilité de Papon dans l'arrestation et la déportation vers le camp de Drancy de Juifs de Bordeaux, publié en 1981 par Le Canard enchaîné, que la procédure d'inculpation et le procès de Papon sont lancés en 1998. Le lendemain de son arrestation, Martin Katz fut déporté à Drancy puis à Sobibor où il décèdera. Son épouse, Berthe Katz, est arrêtée en juillet 1942. Déportée vers Drancy puis Auschwitz, elle y décèdera.
  • 60 rue de la Rousselle (posé le 10 janvier 2024), en mémoire de Nadia et Aaron Cyrulnik.
    Nadia et Aaron, arrêtés le 15 juillet 1942, sont morts en déportation. Nadia Cyrulnik a été déportée le 19 juillet 1942, du Camp de Drancy vers Auschwitz. Aaron Cyrulnik a été déporté le 7 décembre 1943, du Camp de Drancy vers Auschwitz.
    La pose du Stolpersteine fut réalisée en présence de leur fils Boris Cyrulnik, à l'occasion de la journée de commémoration des 80 ans de la rafle de Bordeaux.
  • 28 rue des Etuves (posés le 11 mars 2024), en mémoire du couple Antoinette et Hirsch Alisvaks, raflés le 15 juillet 1942 et déportés à Auschwitz. La pose du Stolpersteine fut réalisée en présence de plusieurs membres de leur famille).
  • 19 rue des Augustins (posés le 29 avril 2024), en mémoire des résistants Germaine et son père Jean-Bernard Bonnafon. Germaine Bonnafon, survivante des camps de concentration de Ravensbruck et de Zwodau s'est engagée dès 1940 dans le réseau du député Charles Tillon. À partir des années 50, elle devient présidente durant plusieurs décennies de la Fédération nationale des internés et déportés patriotes en Gironde.
    Jean-Bernard Bonnafon, arrêté le 25 août 1942 et interné au Fort du Hâ jusqu'au 21 septembre 1942 est fusillé comme otage le même jour au camp de Souge. La pose du Stolpersteine fut réalisée en présence de la présidente des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation en Gironde et de membres de la famille.
  • 29 rue Emile Fourcand (posé le 30 mai 2024) en mémoire de Joseph Benzacar et Juliette Esther Benzacar, déportés et assassinés en 1944.