L'égalité c'est toute l'année : le Cacis, une association mûre pour lutter contre les violences sexuelles

Publié le 8  janvier 2025
 
À Bordeaux, l'égalité c'est toute l'année ! Retrouvez au fil des mois, une série de portraits autour de l'égalité entre les femmes et les hommes.

Épisode 11 : Portrait du Centre Accueil Consultation Information Sexualité (Cacis), "centre médico-social atypique" qui agit auprès d'un public vulnérable sur les questions de sexualité. Une action de prévention et de formation déployée par une équipe de professionnels depuis 40 ans.
Le Cacis accompagne les femmes, mais aussi des hommes, afin de mieux vivre sa sexualité et lutter contre l'exclusion.
Le Cacis accompagne les femmes, mais aussi des hommes, afin de mieux vivre sa sexualité et lutter contre l'exclusion.
L'aventure s'est lancée au coeur des années 1980. En pleine période Sida, le Cacis est né dans le quartier Grand Parc autour d'habitants engagés et de professionnels de santé. Leur but commun : apporter une réponse aux questions liées à la sexualité. Qu'il s'agisse de contraception, de violences ou d'exclusion, l'association favorise une sexualité libre et sereine. Une mission qui s'est amplifiée au fil des ans.

D'abord installé dans les locaux du centre social de Grand Parc, le Cacis (Centre Accueil Consultation Information Sexualité) s'est ensuite exporté dans son propre bâtiment, avenue Emile Counord, non loin. Sa première vocation était de permettre à toutes les femmes d'accéder à un moyen de contraception ou de procéder à une interruption volontaire de grossesse. Un chemin dont l'accès peut être encore délicat aujourd'hui pour certaines femmes. Tout le Cacis se résume dans cette ambition initiale : répondre aux difficultés d'accès aux soins de toute une population et prévenir les violences.

"Notre but, c'est de permettre à tout le monde, femmes comme hommes, de vivre sa sexualité et de lutter contre toutes les formes d'exclusion", indique Elise Sevenet, devenue directrice du Cacis il y a quelques mois. Composée de 15 salariés et d'une vingtaine de soignants bénévoles, l'association a étendu ses activités au-delà de Bordeaux Nord. Désormais véritable moteur d'éducation populaire, elle intervient autant à travers des rendez-vous individuels, des programmes de sensibilisation que des formations de professionnels pour diffuser sa précieuse connaissance de ces questions.
Partagée entre des activités de sensibilisation, d'accueil et de formation, l'association est sur tous les fronts.
Partagée entre des activités de sensibilisation, d'accueil et de formation, l'association est sur tous les fronts.
"Nous tentons d'exercer une approche globale, quelles que soient les conditions de la personne en termes de papiers ou de droits, explique Manon Mahé, coordinatrice du Cacis. C'est réellement pluridisciplinaire, notamment sur la question des violences qui peuvent être de multiples origines. Le plus souvent, nous rencontrons des gens pour qui l'accès à la médecine libérale est impossible et qui subissent un grand isolement." Parmi les personnes rencontrées : des mineurs, migrants, travailleuses du sexe, ou même personnes transgenres et victimes de discrimination.

Un havre d'écoute

Au Centre de Santé Sexuelle, les consultations sont gratuites et anonymes. Des travailleuses sociales, gynécologues, médecins généralistes ou même des sage-femmes s'y côtoient pour accueillir un public en recherche de réponses. Qu'ils concernent des mineures ou des personnes en parcours migratoire, ces entretiens permettent de lever des interrogations voire de repérer des violences. Formé au repérage de ces violences, le personnel du Cacis peut détecter une fêlure à travers une discussion sans qu'elle n'ait forcément été à l'origine de la venue des personnes suivies. "Nous accompagnons la personne sur ces questions uniquement si elle le souhaite, sans être trop intrusif mais en repérant les signaux faibles, souvent liés à un cumul de vulnérabilités."

Ouverte en 2019, la Maison d'Ella est une structure du Cacis plus particulièrement dédiée à l'accueil de ces victimes de violences et à leur reconstruction psychologique. Des violences souvent conjugales ou intrafamiliales, que le personnel appréhende en prenant un soin spécifique des victimes. La socio-esthétique ou encore l'art-thérapie peuvent être des solutions pour avancer, même si l'écoute est avant tout recherchée. Un mal de ventre peut amener à évoquer des conditions de vie, d'éventuels abus et entraîner une mise en relation avec des partenaires de santé ou associatifs.

En 2024, 494 femmes victimes de violences ont été accueillies. Un chiffre en hausse.

Les questions de sexualité peuvent être intimement liées aux problèmes de violence.
Les questions de sexualité peuvent être intimement liées aux problèmes de violence.

Présente en milieu scolaire

Les interventions au sein des écoles et des institutions médico-sociales constituent un autre volet essentiel de la mission du Cacis. 90 ateliers en milieu scolaire ont été réalisés en 2024 et des milliers d'élèves rencontrés. En CP et CM1, au collège, les questions du respect de son corps sont abordées en tenant compte des âges afin de contribuer à bâtir une sécurité personnelle et une prise en compte de l'autre. En marge, des échanges avec l'équipe pédagogique permettent également de repérer d'éventuelles violences tues par les enfants.

Le Cacis se rend également dans les lieux d'accueil des personnes en situation de handicap, les prisons, les centres d'accueil des mineurs ou même des squats, au-devant des publics. "Nous nous rendons dans les lieux où sont les personnes, pour parler de prévention, mais évoquer aussi des questions plus personnelles, individuelles", souligne Manon Mahé.
 

Le siège de l'association est installé quartier Grand Parc.
Le siège de l'association est installé quartier Grand Parc.

Diffuser une compétence

L'association déploie également tout un programme de formation pour un personnel non-soignant. En lien avec la Ville de Bordeaux, l'association a ainsi développé tout un enseignement au sein du dispositif "Demandez Angela", destiné à lutter contre le harcèlement sexiste et sexuel dans l'espace public. Les membres du Cacis forment ainsi le personnel des très nombreuses structures partenaires de l'opération (TBM, Iboat, Rock School Barbey, conservatoire Jacques Thibaut...) Le but ? Mettre à l'abri, alerter, voire empêcher des violences si nécessaire.

En 40 ans, l'association a su se rendre incontournable sur ces questions, attirant d'elle-même les nouveaux partenaires, tout en autonomisant des structures afin d'affronter ces questions plus sereinement et collectivement.