
16-25 ans "Génération engagée" : portraits d'une jeunesse bordelaise - Le Mag Bordeaux n°501
Publié le 12 mars 2025
Ils s'investissent pour aider les plus démunis, lutter contre le changement climatique ou encore mettre en valeur la vie commerçante bordelaise… Rencontre avec ces jeunes qui font vibrer Bordeaux. Autant d'initiatives que la Ville stimule et accompagne.
Un dossier paru dans le Mag Bordeaux n°501.

Pour souffler dans ces voiles, la Ville met en place une série d'actions et de rendez-vous dédiés aux jeunes Bordelais : le Printemps des Expressions, Je relève le défi !, le dispositif d'interpellation citoyenne, un soutien renforcé aux associations… Une stratégie d'émulation et de promotion des initiatives dont la jeunesse se saisit
avec appétit.
Imaginatifs et entreprenants
À travers ce dossier, rencontrez neuf Bordelaises et Bordelais à l'initiative de projets imaginatifs et généreux. Certains préparent leur avenir à travers une vocation au service des autres, dans l'aide à la personne, au sein des sapeurs-pompiers, ou en ayant créé une association de maraude et d'aide aux plus démunis.
D'autres veulent se rendre utiles et défendent l'idée d'une société plus juste en s'investissant dans l'économie sociale et solidaire, en intervenant dans les écoles pour parler de leur expérience d'expatrié ou en défendant la visibilité du commerce de proximité. Des engagements qui forment une idée contemporaine de la jeunesse bordelaise, imaginative et entreprenante, issue de milieux populaires ou plus favorisés, mais avant tout guidée par l'idée d'un bien commun à défendre.

Portraits d'une jeunesse bordelaise
"Ce dépassement de soi m'a forgée"
Anouck, 19 ans - Belvédère
"Tout a démarré avec des documentaires. Tout me plaisait dans l'univers des pompiers, surtout les interventions incendie bien sûr. J'avais une caserne en face de mon collège. Il me suffisait de regarder par la fenêtre pour voir les camions partir en intervention... Ce que je voulais, c'était donner de mon temps.
J'ai donc démarré avec les jeunes sapeurs-pompiers à 12 ans. Il a fallu écrire une lettre de motivation, s'entraîner. Ce n'était pas simple, c'est un parcours difficile. Se lever à 6h30 le samedi quand on a 14 ans, ce n'était pas facile. Mais il fallait en passer par là. Le dépassement de soi m'a été bénéfique, ça m'a forgée. Je serais prête à le refaire cent fois ! C'est une passion.
À 18 ans, j'ai connu mes premières "vraies" interventions. Il y a beaucoup de social dans le métier de pompier. On apporte une aide concrète à la population. J'arrive à tisser des liens, à suivre une victime de A à Z pour apaiser ses douleurs physiques ou morales. Le premier incendie est évidemment impressionnant. J'apprécie la vie en caserne. Il y a une ambiance très familiale. C'est comme une deuxième maison.
Je suis de nature très dévouée. Mais c'est toute une série de valeurs que je retrouve chez les pompiers : entraide, courage, patience. Je suis assez sensible, mais il est nécessaire de garder cela en soi quand on travaille, cela m'a renforcée. L'important est de trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle."

"Intégrer le processus démocratique m'a plu"
Joris, 23 ans - Bastide
"D'abord, je me suis intéressé au secourisme en étant jeune sapeur-pompier de mes 12 à mes 18 ans. Je me suis formé tous les samedis matin durant ces années. Tout ça est lié à une question de valeurs. J'ai toujours voulu être dans l'action pour aider les autres. Je suis ensuite allé à la Croix-Rouge pour intervenir pendant des concerts ou des événements sportifs.
Depuis 2021, je m'investis dans toutes les élections en étant assesseur. Intégrer le processus démocratique, ça m'a tout de suite plu. Depuis les premières élections en France en 1792, des gens se battent pour faire vivre la République et la démocratie. En tant que citoyen, on a le droit de s'engager pour modifier, améliorer ou perpétuer des causes qui nous tiennent à coeur. C'est ce qui nous permet d'être utile. C'est une chance de vivre en démocratie, de véhiculer ces valeurs. Ce qui est bon pour tous est bon pour nous. Certaines causes ne peuvent pas fonctionner par l'argent, le bénévolat est capital."
Inscription pour devenir assesseur :
bureauxdevote@mairie-bordeaux.fr ou 05 56 10 20 66

"Donner de la visibilité aux commerces"
Valentine, 25 ans – Saint-Paul
"Je suis graphiste freelance, arrivée à Bordeaux il y a 2 ans. J'ai commencé à m'exercer au dessin digital en affinant mon coup de crayon. À l'origine, je suis de banlieue parisienne. Mais j'avais très envie de me sentir appartenir à une ville. J'entendais beaucoup de choses sur Bordeaux, mais j'ai été agréablementce surprise.
Le meilleur moyen de me sentir bordelaise, c'était de partir à la découverte du petit commerce. J'habite le quartier Saint-Paul et j'ai tout de suite adoré la boulangerie Louis Lamour, ou encore Batch Cookies. J'y amenais des amis. Mais je voulais remercier ces commerces à ma manière. En gros, dès qu'un lieu me plaît, j'essaye d'offrir une affiche en m'inspirant de mon expérience, en essayant de capturer un moment, des bruits, des odeurs… Depuis, j'en ai aussi offert à Kokomo, les Récoltants…
Et ça fonctionne, j'en ai parlé sur mes réseaux sociaux, je suis maintenant suivie par 20 000 personnes sur TikTok, 5 000 sur Instagram. Évidemment, c'était un peu stressant de montrer sa tête. Au départ, c'était simplement pour remercier les commerçants à ma manière, mais maintenant, si ça peut leur donner une vraie visibilité, tant mieux ! Et je me sens vraiment bordelaise désormais."
TikTok/Instagram : @valoutreee

"L'éducation, le meilleur outil contre l'euroscepticisme"
Philipp, 22 ans – Allemand expatrié à Bordeaux
"Je suis originaire de l'ouest de l'Allemagne, à 30 minutes de la frontière avec les Pays-Bas. J'ai baigné dans un environnement international. J'ai pu apprendre à parler le hollandais, le français et l'anglais. Et fatalement, j'ai voulu poursuivre des études autour de l'Europe, comprendre comment elle est construite.
À Bordeaux, je suis en service civique grâce à l'appui du Corps européen de solidarité, géré par la Commission européenne, qui encourage les jeunes Européens à mener des actions solidaires. Nous organisons des conférences ouvertes au public, mais aussi dans les collèges, lycées pour expliquer la construction européenne et la culture de nos pays, nos traditions. L'idée est de montrer nos similarités.
L'éducation est le meilleur outil pour lutter contre les clichés et l'euroscepticisme. Le but, c'est aussi de valoriser
nos privilèges. C'est pour cela que je m'engage auprès des jeunes citoyens."
Informations sur le Corps européen de solidarité à Bordeaux : europe-bordeaux.eu

"Améliorer le quotidien des exclus"
Namira, 18 ans - Bastide
"J'ai été contactée par le conseiller principal d'éducation de mon lycée pour intégrer Télémaque (NDLR : Télémaque est une association qui accompagne vers la réussite des jeunes investis, issus de territoires fragiles, à l'aide d'un système de mentorat).
On m'a dit que j'étais une élève impliquée, j'ai accepté ! Mon mentor est déjà inséré professionnellement. Avec elle, on discute beaucoup de mon avenir. Elle me suivra jusqu'à mes 25 ans. Mon but, c'est d'aider les gens en devenant infirmière à l'hôpital ou dans l'armée. J'ai toujours aimé aider les personnes en difficulté, les exclus. Améliorer leur quotidien, ça me pousse, ça me booste !"
telemaque.org

"Sauver d'abord notre santé"
Arina, 20 ans – Campus universitaire
"Je suis née à Moscou. Je suis arrivée en France à l'âge de 12 ans. C'est ici que j'ai découvert l'importance des comportements écoresponsables. Il s'agit de sauver la planète, mais aussi notre propre santé. Tout va de pair. Dans un monde égoïste, il faut interpeller en rappelant que la transition écologique est avant tout pour chacun ! À 16 ans, je demandais à mes parents de m'amener sur les plages pour faire du ramassage de déchets.
Je suis devenue ambassadrice des transitions à l'université de Bordeaux pour porter ce débat dans la vie étudiante. Nous sommes un réseau de 21 étudiants qui organisent des ateliers ludiques autour de l'impact carbone, qui proposent des recettes de cuisine sobre, des "green game" sur les transitions environnementales et sociétales, ou encore des sensibilisations aux conséquences de la "fast fashion".
Je ne pense pas qu'il faille avoir un discours moralisant ou culpabilisant car, par exemple, beaucoup d'étudiants ne peuvent pas mener une vie plus écologique. Cela me fait plaisir de proposer des choses plus ludiques pour y parvenir."

"Les maraudes, un réel engouement"
Timothée, 21 ans - Saint-Bruno
"J'ai toujours voulu aider les gens, me rendre utile. Plus jeune, j'ai vécu un séjour à l'hôpital qui m'a ouvert les yeux. Durant le premier confinement lié au Covid, j'avais 16 ans. Avec une amie, nous avons fabriqué et apporté des gâteaux au personnel soignant.
Après cela, nous avons reporté cette action en direction des personnes sans-abri en servant des repas plusieurs fois par mois. Finalement, nous avons créé l'association l'Espoir Solidaire, composée à 95 % de jeunes de moins de 25 ans. Et il y a un réel engouement, nous sommes aujourd'hui 65. L'association répond à un besoin concret, qui parle. Nous organisons trois maraudes par semaine, ainsi qu'une tournée pour les étudiants. Nous gérons également une laverie et des douches, place de la République. Nous proposons une aide à l'accès aux droits, mais aussi à l'équipement des campements."
unespoirsolidaire.fr

"Le service civique m'a redonné confiance"
Mathys, 17 ans – en service civique à Unis-Cité
"Je suis passionné par les vélos depuis mes 6 ans, comment les réparer, les améliorer. Je fais ça tous les week-ends. Mais je me pose encore des questions sur la suite de mes études. Je me suis dirigé vers un service civique à Unis-Cité, autour des questions de mobilité. J'aime énormément ce que je fais. Le service civique m'a permis de reprendre confiance en moi. Je parle devant du monde alors que j'avais beaucoup de difficultés jusqu'ici.
J'interviens dans les écoles pour donner une initiation au code de la route, mais aussi une pratique mécanique basique. Je sensibilise l'ensemble des publics aux mobilités douces : vélo, trottinette, transport en commun, covoiturage… Ils réalisent qu'ils peuvent faire autrement. Le public est intéressé, les gens sont attentifs à mes explications et veulent franchir le pas. Il y a une super ambiance au sein d'Unis-Cité. D'autres projets vont venir : création d'un magazine, d' un atelier pour personnaliser son vélo… C'est une mission qui va m'être très utile pour mon avenir."

"Mieux faire connaître l'ESS"
Cahéla, 24 ans – Jardin public
"Je suis franco-ivoirienne. Je suis arrivée en France à 11 ans. Ayant grandi auprès du milieu associatif grâce à mes parents, je fais du bénévolat depuis toute petite. D'abord à l'école en reconditionnant des jouets pour des familles déshéritées, puis dans d'autres associations liées à ma diaspora. Enfin, j'ai lancé Culture Konnect, une association qui promeut l'accès à la culture pour les plus jeunes, notamment en Afrique.
En octobre prochain, je vais contribuer au Forum mondial de l'économie sociale et solidaire (Gsef) organisé à Bordeaux, avec la création d'une Olympiade jeunesse pour l'ESS (Ojess). Cet événement « off » de deux jours va promouvoir les associations régionales. C'est ainsi que je veux être utile à la société, en apportant une dynamique dans ce domaine."
Programme du Forum mondial de l'Économie sociale et solidaire à Bordeaux, sur bordeaux.fr

Le mag Bordeaux

Le mag Bordeaux est disponible dans les mairies de quartier et les lieux municipaux. Il est également distribué dans les boites aux lettres des Bordelaises et Bordelais.