Claudine Bichet : "L'égalité femmes-hommes doit irriguer l'ensemble des politiques publiques"
À Bordeaux, l'égalité c'est toute l'année ! Retrouvez au fil des mois, une série de portraits autour de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Épisode 2 : Claudine Bichet, adjointe au maire chargée des finances, du défi climatique et de l'égalité femmes-hommes.
La Ville est engagée et poursuit ses actions sur le sujet de l'égalité femmes-hommes. Claudine Bichet explique la démarche et les actions mises en oeuvre par la Ville (entretien publié dans le n°495 de "Bordeaux Mag" - février-mars 2024).
Que fait la Ville pour favoriser l'égalité femmes-hommes ?
Nous travaillons dans deux directions. D'une part, nous mettons en oeuvre des actions spécifiques pour prévenir, sensibiliser et lutter contre les violences sexistes et sexuelles dont les femmes sont les premières victimes. D'autre part, nous menons une approche intégrée de l'égalité entre les femmes et les hommes au sein de l'ensemble des politiques publiques. Les services municipaux n'étant pas exempts d'inégalités, des actions sont également déployées en interne.
Comment luttez-vous contre les violences sexuelles et sexistes ?
À Bordeaux, les associations qui oeuvrent pour les droits des femmes font un travail remarquable. Nous avons choisi de nous appuyer sur leurs compétences et de les soutenir en augmentant le montant de leurs subventions : en trois ans, ce budget a presque doublé. Nous avons par ailleurs signé une convention pluriannuelle avec cinq d'entre elles afin de leur donner une bonne
visibilité financière pour pérenniser leur action. Et pour animer ce réseau, nous avons renforcé les effectifs de la Mission égalité.
Qu'entendez-vous par "approche intégrée de l'égalité" ?
L'égalité entre les femmes et les hommes n'est pas une thématique qui se pense isolément des autres. Comme la question climatique, nous voulons qu'elle irrigue l'ensemble des politiques publiques. Tous les élus, toutes les délégations, tous les services doivent penser à travers ce prisme. C'est pourquoi nous avons adopté une démarche de budgétisation sensible au genre.
"Il faut prêter attention à ce que les filles ne soient pas systématiquement reléguées en périphérie"
Son principe est que chaque euro dépensé par une collectivité profite autant aux hommes qu'aux femmes. Cela implique de bâtir des indicateurs pour évaluer la situation et en mesurer les évolutions. C'est un outil de quantification utile, mais qui doit être complété par des dispositifs de sensibilisation et de formation, pour faire évoluer les mentalités.
Pouvez-vous donner un exemple ?
Théoriquement, un skatepark ou un city stade sont accessibles à tous. Dans les faits, rares sont les filles qui les utilisent. Même chose dans les écoles, quand le terrain de foot est l'élément central de la cour. Cela ne signifie pas qu'il faut bannir les terrains de foot, mais qu'il faut prêter attention à ce que les filles ne soient pas systématiquement reléguées en périphérie, en proposant des aménagements publics mixtes ou en facilitant leur accès à ce sport qui compte moins de 8 % de pratiquantes dans les clubs bordelais. Nous menons ce travail de fond dans plusieurs domaines pour que les dépenses publiques cessent de renforcer les inégalités de genre.