L'égalité c'est toute l'année : avec la directrice de l'association L'Burn, qui suit les victimes de burn out
Épisode 7 : Portrait de l'association L'BURN, et de son réseau Les BURN'nettes, qui apportent soutien et accompagnement aux femmes victimes d'un burn out.
Le burn out, c'est cet épuisement total que l'on peut traverser en raison de son expérience professionnelle, tel que le veut la définition officielle, mais dont la source peut aussi être domestique comme le défendent de nombreux acteurs associatifs telle L'BURN. "Un écartèlement entre ce que les gens sont, et ce qu'ils doivent faire", décrit un Guide d'aide à la prévention commandé par le gouvernement en 2015. L'accumulation des tâches, des journées remplies à ras bord, et des relations dégradées avec son entourage social peuvent être des facteurs décisifs, voire cumulatifs qui mènent à cet effondrement psychique et physique.
Cachez ce mal que je ne saurais voir
C'est donc au milieu associatif de se mouvoir pour faire avancer la cause, tel L'BURN. La structure bordelaise s'est donc retroussé les manches pour imaginer un protocole d'accompagnement complet et constituer un plaidoyer. Dès son envol, la structure élargit ce rôle et rassemble professionnels et chercheurs. Et le constat est là : la "maladie" est bien plus largement répandue chez les femmes. "Elles sont deux à trois fois plus victimes de burn out que les hommes selon les données de Santé Publique France. Pour comprendre les causes, nous avons donc rassemblé des experts : chercheurs universitaires, neuropsychologues, médecins, docteurs en Droit… Nous constituons même un terrain d'étude pour différents laboratoires", indique Anne-Sophie Vives.
La par-aidance, l'aidé devient aidant
La prise en charge des victimes passe par des permanences et des ateliers. "La première des choses est de s'assurer d'une prise en charge médicale. Il faut ensuite mener une approche complète pour faire taire les ruminations, apprendre le repos, identifier les dysfonctionnements psychocorporels, mais aussi parfois aller sur le terrain juridique pour faire reconnaître sa souffrance."
Une phase d'introspection ouvre le chemin de la guérison. La pair-aidance y tient un rôle essentiel pour redonner du sens à chacune et retrouver une réelle santé mentale. Mis en lumière par des associations comme les Alcooliques anonymes, ce concept permet aux ex-aidées de partager leur expérience pour aider eux-mêmes de nouvelles victimes. A travers l'exemple de leur reconstruction, ces pair-aidantes font émerger le pouvoir d'agir des aidées.
Des tâches primaires du quotidien, qui ont pu devenir insurmontables, peuvent alors être répertoriées et les difficultés à les accomplir dépassées : sortir de chez soi, se remettre en action, identifier les freins du retour à l'emploi, lever les angoisses avant une véritable reprise professionnelle. Les liens vers les hôpitaux, des médecins spécialisés ou des structures d'accompagnement pour la réinsertion professionnelle peuvent aussi être trouvés.
Des origines diverses
Si les femmes de 35 à 50 ans représentent la tranche d'âge majoritaire, toutes les catégories sociales sollicitent les BURN'ettes. "Les mères célibataires présentent de grands facteurs de risque. Mais l'origine des burn out varie selon une étude que nous avons menée : 9% sont d'origine parentale, plus de 50% à la fois d'origine parentale et professionnelle, et le reste exclusivement professionnel", constate Anne-Sophie Vives.
Si l'OMS reconnaît uniquement le burn out d'origine professionnelle, la réalité est donc autre. Et les sources familiales présentent des difficultés propres, car on ne peut mettre sur pause son rôle de mère comme on stoppe son activité professionnelle...
"Vous nous avez sauvées"
Après plusieurs années passées à Bordeaux, dans la Maison municipale des Associations "La Coloc'", L'Burn a dû déménager vers Talence pour faire face à une fréquentation en nette progression, "plus 50% chaque année. La période Covid a mis en lumière la problématique de la santé mentale", indique la directrice. 2 000 femmes sont actuellement sur la communauté d'entraide et 1 900 ont été accompagnées sur Bordeaux depuis 2019.
Certaines trajectoires individuelles sont étonnantes et prouvent la pertinence du rôle des BURN'ettes. "Nous avons eu des paroles très fortes de nos adhérentes. Certaines nous ont clairement dit : "Vous nous avez sauvées'". Ici, elles se sentent comprises et se reconstruisent grâce à ce nouveau lien social. Même physiquement, nous notons des différences", sourit Anne-Sophie Vives. Désormais, L'Burn a étendu ses activités en virtuel sur des départements limitrophes (Dordogne, Lot-et-Garonne et Landes) et même à Lille pour contribuer à faire face à ce "syndrome" d'ampleur, dont chacun peut un jour être la victime.
Les permanences se poursuivent à Bordeaux (Point Info Familles, salle Saint-Augustin et à la Maison des usagers).
Site web : lesburn-ettes.com
Facebook : la communauté des BURN'ettes (accès limité aux femmes en burn out)