Les signes du vin
Les villes sont bavardes ; nous ne parlons pas ici des bruits de notre civilisation contemporaine, mais de ce discours en apparence figé dans la pierre des façades ou le bronze des statues. Il en résulte que la ville qui donna son nom au vin porte partout les signes de son activité liée à la viticulture et à son négoce.
Hormis quelques traces des 16e et 17e siècles, ce n'est véritablement qu'au milieu du 18e siècle que Bordeaux s'affirme sur les édifices : comme la cité du négoce du vin d'abord, sur les monuments nés de la volonté des intendants Boucher et Tourny, les palais de la Douane et de la Bourse, les portes d'Aquitaine et Dijeaux. Puis les riches habitants emboîtent le pas : on remarque des grappes de raisin sur les agrafes des baies des immeubles des allées de Tourny (n° 8, 26, 28 et 48) et des figures de Bacchus (n° 5 rue Maucoudinat, n° 58 quai Richelieu, n° 56 rue du Mirail, n° 51 rue Fondaudège).
Même Monseigneur de Rohan, archevêque de Bordeaux, fait représenter des grappes sur les tableaux des baies de son palais dans les années 1770. À l'angle des rues Gouvéa et Sainte-Catherine, un propriétaire développa le programme le plus significatif de la ville ; en effet, à la viticulture il associa le commerce, la navigation, l'agriculture, le jardinage et la chasse.
La période la plus faste demeure pourtant le 19e siècle, et tout particulièrement sa seconde moitié. Il n'est pas de maison de négoce, ou activité annexe, qui n'affiche sa raison sociale à travers bas-reliefs et même rondes bosses. On les remarque quartier des Chartrons d'abord sur les voies qui descendent vers le port ; cours de la Martinique (maison Pepin-Gasquet et n° 15), cours du Médoc (anciens chais Barrière et Eschenauer), rue Bourbon (n° 15), rue Delord (n° 25), ou sur les cours lancés au 18e siècle : cours Balguerie-Stuttenberg (n° 78), cours St-Louis (n° 29, 67), ou rue Camille Godard (n° 51, 114). La gare de chemin de fer attira également des maisons de commerce dont on remarque les implantations aux quais de Paludate (n° 82, 89). La plus spectaculaire fut sans doute le "Palais Descas" au droit du pont Saint Jean.
Les monuments publics rendent également hommage à cette activité essentielle à la ville, qu'il s'agisse du Monument à la mémoire des Girondins (groupe nord, Triomphe de la Concorde), de la fontaine Art Nouveau de la place Amédée Larrieu, ou, au Jardin Public, des monuments à Gaston Lafargue, écrivain régionaliste, ou à Alexis Millardet, scientifique "sauveur du vignoble".
Désormais la référence au vignoble semble devenue indispensable sur les édifices municipaux, nous la retrouvons à la Maison cantonale de la Bastide (1913-1926) à la Bourse du Travail (1934). Même si le graphisme change avec les modes, les styles, nous reconnaissons toujours nos pampres et masques de Bacchus sur les façades du n° 15 quai de Brienne à l'hôtel Frugès, place des Martyrs de la Résistance, ou, au quartier Lescure, aux n° 3 et 4 place des Cèdres, au n° 10 avenue Vercingétorix, au n° 4 rue Tastet.
Ainsi à chaque pas, le long des rues, sur les places, la ville affirme son lien au vignoble, à son territoire. Ce lien permanent peut être symbolisé par le "Ville de Bordeaux" qui promène Bordelais et touristes sur "sa rivière", de la ville aux vignobles, des vignobles à la ville. Depuis 1990, il arbore, en figure de proue, un sympathique Bacchus dû à Lucien Nègre.
J.-P. Bériac
Hormis quelques traces des 16e et 17e siècles, ce n'est véritablement qu'au milieu du 18e siècle que Bordeaux s'affirme sur les édifices : comme la cité du négoce du vin d'abord, sur les monuments nés de la volonté des intendants Boucher et Tourny, les palais de la Douane et de la Bourse, les portes d'Aquitaine et Dijeaux. Puis les riches habitants emboîtent le pas : on remarque des grappes de raisin sur les agrafes des baies des immeubles des allées de Tourny (n° 8, 26, 28 et 48) et des figures de Bacchus (n° 5 rue Maucoudinat, n° 58 quai Richelieu, n° 56 rue du Mirail, n° 51 rue Fondaudège).
Même Monseigneur de Rohan, archevêque de Bordeaux, fait représenter des grappes sur les tableaux des baies de son palais dans les années 1770. À l'angle des rues Gouvéa et Sainte-Catherine, un propriétaire développa le programme le plus significatif de la ville ; en effet, à la viticulture il associa le commerce, la navigation, l'agriculture, le jardinage et la chasse.
La période la plus faste demeure pourtant le 19e siècle, et tout particulièrement sa seconde moitié. Il n'est pas de maison de négoce, ou activité annexe, qui n'affiche sa raison sociale à travers bas-reliefs et même rondes bosses. On les remarque quartier des Chartrons d'abord sur les voies qui descendent vers le port ; cours de la Martinique (maison Pepin-Gasquet et n° 15), cours du Médoc (anciens chais Barrière et Eschenauer), rue Bourbon (n° 15), rue Delord (n° 25), ou sur les cours lancés au 18e siècle : cours Balguerie-Stuttenberg (n° 78), cours St-Louis (n° 29, 67), ou rue Camille Godard (n° 51, 114). La gare de chemin de fer attira également des maisons de commerce dont on remarque les implantations aux quais de Paludate (n° 82, 89). La plus spectaculaire fut sans doute le "Palais Descas" au droit du pont Saint Jean.
Les monuments publics rendent également hommage à cette activité essentielle à la ville, qu'il s'agisse du Monument à la mémoire des Girondins (groupe nord, Triomphe de la Concorde), de la fontaine Art Nouveau de la place Amédée Larrieu, ou, au Jardin Public, des monuments à Gaston Lafargue, écrivain régionaliste, ou à Alexis Millardet, scientifique "sauveur du vignoble".
Désormais la référence au vignoble semble devenue indispensable sur les édifices municipaux, nous la retrouvons à la Maison cantonale de la Bastide (1913-1926) à la Bourse du Travail (1934). Même si le graphisme change avec les modes, les styles, nous reconnaissons toujours nos pampres et masques de Bacchus sur les façades du n° 15 quai de Brienne à l'hôtel Frugès, place des Martyrs de la Résistance, ou, au quartier Lescure, aux n° 3 et 4 place des Cèdres, au n° 10 avenue Vercingétorix, au n° 4 rue Tastet.
Ainsi à chaque pas, le long des rues, sur les places, la ville affirme son lien au vignoble, à son territoire. Ce lien permanent peut être symbolisé par le "Ville de Bordeaux" qui promène Bordelais et touristes sur "sa rivière", de la ville aux vignobles, des vignobles à la ville. Depuis 1990, il arbore, en figure de proue, un sympathique Bacchus dû à Lucien Nègre.
J.-P. Bériac