Groupe Bordeaux ensemble - Juin 2024

Planter partout où c'est possible ? Ambitions et réalités

Depuis 2020, la municipalité avance, saison après saison, un impressionnant bilan de plantations d'arbres qui se compte en dizaines de milliers de plants. Or, un devoir d'honnêteté s'impose sur ce sujet important de la végétalisation et, en particulier, sur le décompte du nombre d'arbres. Voit-on verdir la ville davantage qu'autrefois ? Où sont les arbres plantés que nous annonce la communication municipale ? Pourquoi existe-t-il un tel décalage entre le bilan proclamé et le ressenti des Bordelaises et des Bordelais ?

Si l'on s'en tient aux éléments objectivables, il apparait rapidement que les chiffres sont manipulés en comptabilisant des plants qui ne sont pas des arbres : ni le montant des subventions demandées à la métropole pour chaque arbre planté, ni l'Open Data de la collectivité ne correspondent au nombre d'arbres affichés par la municipalité. Selon cette dernière source, depuis 2020, ce sont 450 arbres qui sont plantés chaque année en moyenne. Ce chiffre était de 650 entre 2014 et 2020.

La méthode retenue pour végétaliser la ville et afficher un nombre important de plantations est celle de la micro-forêt, technique importée du Japon promouvant la multiplication de petits plants devant évoluer rapidement en concurrence les uns avec les autres. La Ville ne plante pas des arbres mais de petits plants dont une partie seulement est constituée d'arbres en devenir. Cependant, depuis 2020, nous n'avons eu connaissance d'aucune étude d'impact sur le déploiement de ces micro-forêts, devenues entretemps de maxi-poubelles mais dont les ombres tardent à rafraîchir l'espace public.

En outre, le taux de mortalité des plantations fait l'objet de la plus grande opacité depuis le début du mandat, alors qu'il a été demandé à maintes reprises. Il est pourtant nécessairement important, le taux de mortalité élevé faisant partie intégrante du modèle des microforêts, entre 60 et 80%.

Au sein du Conseil municipal, comme au-delà, chacun s'accorde à dire que la végétalisation de nos villes est un enjeu important d'adaptation au réchauffement climatique. La végétalisation doit offrir des oasis urbaines et des cheminements ombragés aux Bordelaises et aux Bordelais.
Nous regrettons que la municipalité, s'arrogeant le monopole de la poursuite de cet objectif commun, se contente d'affichages de chiffres dénués de sens.