Cimetière de la Chartreuse
Saint-Augustin - Tauzin - Alphonse Dupeux
Belle nécropole de 29 ha, plantée de tilleuls et d’ifs, aux remarquables mausolées et chapelles du 19e siècle.
En lien
Un jardin d'un autre monde
Au début du 19e siècle, les cimetières deviennent au même titre que les jardins un espace de création paysagère. L’ouverture en 1804 à Paris du cimetière du Père-Lachaise dessiné par l’architecte Alexandre Brogniard, propose une nouvelle conception du cimetière conçu aussi pour la promenade.
Ouvert pendant la tourmente révolutionnaire, le cimetière de la Chartreuse met du temps à offrir un endroit privilégié pour la méditation. Lorsque Stendhal vient à Bordeaux en 1838, il demeure très impressionné par les beaux arbres qui s’y trouvent ; "il y a de magnifiques platanes de 40 pieds de haut formant de belles enceintes carrées fort mélancoliques". Un peu plus tard ce sont les Goncourt (1854) qui sont séduits à leur tour par cet endroit envahi de "rosiers qui ont le vagabondage de rosiers sauvages" et parfois par "la pâle et aérienne verdure d’un saule répandu comme les cheveux noués d’une femme en larmes". La Chartreuse "riant près de la mort" avait de quoi émouvoir.
Ce "champs" de repos avait ses jardiniers, les "gazonniers" et "gazonnières" dont le nom persiste encore de nos jours pour désigner ceux qui assurent l’entretien des sépultures. Aujourd’hui le gazon a disparu des carrés, les tombes de granit ou de marbre sont venus occuper le moindre petit espace. Le cimetière s’est minéralisé. Il reste dans ses allées quelques vieux cyprès poudreux et distingués, des ifs aux formes taillées qui lui donnent un air de jardin "à la française"...
Ce cimetière devient peu à peu un "jardin d’âme" où il est agréable de se retirer loin du tumulte de la ville.